Interview de France
Dubois 46 ans, directrice de Kel trang SA, s’est volontiers prêtée
au jeu. Cette autodidacte aime à souligner qu’elle ne possède
pour tout diplôme qu’un CFC de vendeuses en chaussures. Maman de
quatre enfants, elle a monté son entreprise de produits en
microfibre pour l’horlogerie à la sueur de son front. La firme
compte désormais quelques 1000 clients.
Quel est
selon vous le principal obstacle auquel les femmes sont confrontées
au cours de leur parcours professionnel ?
Ni
plus ni moins de ne pas être un homme ! En fait, il n’est pas
difficile en soi d’être une femme dans le monde économique.
Le problème est qu’il n’y en a pas assez, elles sont donc
souvent isolées. Les femmes fonctionnent différemment. Davantage
avec leur cœur, leurs émotions, leur intuition, moins avec des " boutons de manchettes " pour se faire valoir... Elles sont moins
portées sur des motivations financières. Les hommes travaillent
presque exclusivement avec leur tête.
Les
femmes seront toujours en minorité dans les postes à
responsabilité. A moins qu’un congé paternité équivalent à
celui des mères soit instauré. Le statut des femmes et la
perspective qu’elles deviennent mères et donc, selon les normes
actuelles, moins disponibles pour le travail, fausse la donne dès le
départ. Je suis persuadée que seul un véritable partage des tâches
dans la vie privée pourrait faire changer les choses.
Votre conseil
pour dépasser ces difficultés ?
Il
faut «y aller», comme on dit. Ne pas avoir peur. Marcher droit
devant, au centre.
Être une
femme peut-il également constituer un atout dans une carrière ?
Oui
car nous pouvons apporter nos qualités, qui sont complémentaires à
celles des hommes.
Avoir des
enfants constitue-t-il forcément un frein à la carrière ?
Non,
ce ne sont pas les enfants qui entravent les carrières des femmes.
Mais les freins que les mères se mettent à elles-mêmes. Gérer un
enfant et une carrière est une question d’organisation qui
concerne le couple. Ce n’est pas la responsabilité de la maman
uniquement. Or encore actuellement, beaucoup de femmes assument la
grande majorité des tâches liées à aux enfants. Je le vois autour
de moi. Lorsque le fils ou la fille de l’une de mes collaboratrices
est malade à l’école, c’est toujours la maman que la maîtresse
appelle. Jamais le papa. Et bien des mères ne voudraient pas que le
père se charge de ce genre de tâches… Je constate toutefois avec
plaisir que les jeunes femmes de 20 à 30 ans sont dans un autre état
d’esprit.
Parlons de
look au travail : jusqu’où les femmes peuvent-elles oser être
féminines ?
J’aime
être une femme et m’habiller de façon féminine, me mettre en
valeur. J’essaie aussi de ne pas montrer mes faiblesses, par
exemple les signes de fatigue, en faisant du solarium. Dégager une
image agréable, sourire, est un atout. Être rayonnante, c’est
une bonne entrée en matière. Plus une femme sera féminine, plus
les gens se montreront ouverts avec elle. En se forçant à paraître
austère, elle sera au contraire considérée comme quelqu’un de
froid et dur. Certains disent qu’une femme au look trop féminin ne
sera pas crédible. Evidemment, il ne faut pas porter un trop grand
décolleté, selon les situations ! Et il n’y a pas besoin de
montrer son nombril !
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